L’ENFANCE ET L’APPRENTISSAGE PROFESSIONNEL
Né à Antibes en Janvier 1958 dans les Alpes-maritimes, Ali Laggoune vient de fêter son 21.550° Day on Earth. La famille Laggoune originaire d’Algérie est musulmane. L’enfance est fondatrice, la sienne fut heureuse, baignant dans le climat chaleureux de l’intégration multiculturelle des années soixante. Il jouait au Basket sous le maillot de la Jinca l’équipe de la Jeunesse Israélite Nice Côte d’Azur. Beaucoup d’amis de toutes religions, en ce temps-là, ça n’entrait pas en ligne de compte et ce fut fondateur pour son ouverture à la fraternité humaine.
Collège à Antibes, lycée Carnot à Cannes, puis au début des années 80, il s’inscrit en Droit à la fac de Nice. Le jeune étudiant trouve un job d’été dans une société de sécurité au Majestic à Cannes sur la Croisette : protection d’un Prince, frère du Roi d’Arabie saoudienne. « Engagé pour deux mois, j’y suis resté 7 ans ! »
Ces gens-là dépensaient énormément, lui donnant la chance de visiter le monde et découvrir les cinq étoiles de l’hôtellerie de luxe. Sept années pleines, durant lesquelles il organise les déplacements et les séjours à l’international du Prince et de sa Smalah. Réserver les hôtels pour 150 personnes. Booker les avions, avec Boeing 707 pour le staff (50 gardes du corps + les employés) et pour les 30 tonnes de bagages : un Hercule C 130.
Après ces années de formation et d’expériences acquises dans le tourisme haut de gamme, son trajet professionnel va se poursuivre, transformer en vocation définitive. En effet, son beau-frère est gendarme nautique à St Barth et sa sœur s’occupe des croisières. C’est ainsi que ce métropolitain de 28 ans découvre en 1986 les îles du Nord des Antilles françaises et s’y installe comme Agent de voyage réceptif.
LE METIER D’AGENT DE VOYAGE RÉCEPTIF
Ce « socio-professionnel » représente six compagnies de croisières et 75 Tours Opérateurs sur une vingtaine de pays (Nouvelles Frontières, Kuoni, Exotisme, Passion des îles Voyageurs du Monde etc…) accueillant à Saint Martin des touristes allemands, polonais, des français, des anglais, des italiens, des américains, des canadiens et des pays de langue espagnole. Une clientèle individuelle ou de groupe dont il organise l’accueil, les séjours, les excursions, les transferts et l’assistance en cas de problèmes.
Une clientèle socialement variée, des ouvriers-employés, des professions libérales et des people connus dans le Show bizness.
Lagoon Group opère sur quatre destinations : St Martin, Sint Maarten, St Barth et Anguilla. 30 années d’expériences, sept permanents et des saisonniers selon les langues et les besoins.
Vous allez le constater en visionnant notre entretien découpé en deux parties successives de 25 mn et 18 mn, Ali Laggoune et son parler vrai est un témoin indispensable pour qui souhaite comprendre l’évolution de la partie française de l’île au manteau partagé. Vous allez voir tout à la fois un acteur de terrain, observateur incontournable depuis 30 ans de l’évolution détériorée de l’assise de notre économie locale du tourisme. Ses jugements et son analyse font de lui une source fiable, sans langue de bois.
Il y a dix ans en 2006 sur ce Blog dans son DESIR DE SERViR LA CiTÉ il posait une question sociologique et politique « Les métros sont-ils solubles dans la Collectivité ? » constatant l’impossibilité d’un dialogue entre les élus saint-martinois et le savoir-faire des professionnels du tourisme. C’était au temps où nous étions simple commune du département de la Guadeloupe. Depuis le 14 Juillet 2007 notre compétence s’est élargie avec le passage en Collectivité d’outre-mer, placée sous le régime des régions ultrapériphérique (RUP) vis-à-vis de l’Union européenne.
REDÉFINIR NOTRE IMAGE DE MARQUE
L’image de St Martin telle que s’en font les professionnels du tourisme reste celle des années 1990 : une destination 4/5 étoiles, avec shopping Haut de gamme à Marigot. Aujourd’hui hélas,ce n’est plus ça du tout !
Tout a changé depuis 25 ans pour les capacités de séjour du parc hôtelier de la partie française avec les réductions successives au fil des ans des chambres initiales dans les quarante-quatre hôtels de l’île, dont quinze quatre étoiles et luxe,
On est passé de 3 170 en 1996 à 2 763 en 2001 et à 2 571 en 2003. Le taux d’occupation y était faible.
Au total 4.000 chambres d’hôtels en déconfiture ou vendues comme appartements : 700 chambres à la Baie Nettlé, 400 perdus sur Marigot, 400 à Mont Vernon, plus celles de Cul de Sac et l’Anse Marcel. Aujourd’hui AVANT IRMA le parc hôtelier était de 1 800 chambres. La dégringolade !
vALERIE damaseau Nous dit 1578 EN INCORPORANT ….
Deux hôtels
Optimiste généreux par tempérament, Ali Laggoune concilie sa lucidité et son dynamisme, avec les vertus de l’indignation d’un citoyen engagé. Il dénonce dans notre entretien filmé, l’amnésie redoutable qui occulte toute prévoyance, faisant place aux errements stratégiques successifs des élus qui nous ont gouvernés. Dix années ont passé, mais la compétence, la radiance et la transparence dans la gestion des affaires touristiques ne sont pas venues. Bien au contraire. Pourtant le secteur du Tourisme constitue l’un des piliers de l’économie locale un quart des salariés recensés par l’Urssaf.
Identification des erreurs et faiblesses de la gouvernance du secteur touristique
1 Il est indigné que nous soyons le seul Office du Tourisme de France et d’Outre-mer à ne pas avoir un représentant des agents de voyage dans son Conseil d’Administration. Où est la capacité à poser les bonnes questions sans son apport ?
C’est une insulte à l’intelligence d’évacuer ainsi de la réflexion stratégique de l’Office du Tourisme, un grand professionnel comme lui. Il y a de quoi en rire s’il ne s’agissait pas d’argent public.
Il y a 16 employés qui émargent à l’Office. Les remises au Conseil territorial des « rapports » de l’action de l’Office confirment son indignation. Aucune évaluation chiffrée et argumentée de l’évolution des différents marchés « prospectés », ni des secteurs de l’activité touristique locale, et surtout aucune ligne stratégique clairement définie, face au tourisme de masse engendré par les croisiéristes d’un jour arrivant à Philipsburg.
2 Il reste définitivement indigné que l’enclave de l’Anse Marcel, emplacement emblématique à défendre touristiquement pour la clientèle haut de gamme d’hôtels de luxes 5 étoiles ait été « dénaturée, sabotée, euthanasiée ».
En délivrant des autorisations de permis de construire pour des logements sociaux, plutôt que d’opter pour une troisième phase d’un nouvel ensemble de capacité hôtelière, nos gouvernants ont fait preuve d’une absence totale de bon sens. Ils ont loupé le principe du développement durable, en faisant cohabiter ces deux types de zones côte à côte. Ils ont provoqué des pertes d’emplois dans l’activité touristique, plutôt que conserver l’unicité exclusive de la capacité touristique d’une enclave qui aurait dû être déclarée Zone touristique protégée.
3 La Belle Créole et Happy Bay sont deux mauvais feuilletons qui durent depuis 25 ans. Comment gérer une Collectivité sans régler ces deux problèmes, dès lors que nous sommes une destination touristique ?
J’ai causé du feuilleton de la Renaissance de la Belle Créole endorrmie au début de l’année 2014. Notre Ricardo Boffil, l’architecte du West Indies au Coeur du Marigot, a bossé sur la question pour les investisseurs.
Par contre le domaine de
Si un ou deux hôtels doivent être construits ce n’est qu’après avoir utilisé ces deux emplacements remarquables. Le dernier hôtel construit à St Martin c’est le Beach Plaza en 1995.
Tandis que cette année à Anguilla une nouvelle génération de quatre hôtels de luxe viennent d’ouvrir leurs portes : le Four Seasons, le Manoha Beach, le Reeff par Cuisin Art et le Zemi Beach.
4 Il est indigné que le port de Marigot n’ai pas été développé par la simple création d’un quai pour accueillir les bateaux de moyenne croisière (100 à 360 passagers) une clientèle à fort pouvoir d’achat ayant chaque semaine St Martin en port d’attache, tandis que le commerce de prestige à Marigot est mort, sans que nos élus et les responsables du Tourisme ne lancent le moindre cri d’alarme. Alors que nous perdions nos chambres d’Hôtels, nos élus se sont projetés dans la chimère, obsédés par un projet pharaonique d’extension du Port de Marigot, occultant l’échec patent des quartiers sinistrés où les hôtels abandonnés ont provoqués des pertes d’emplois au détriment de centaines de familles. La croisière de masse arrive dans le port en eau profonde de Sint Marteen. Environ 2 millions de passagers/an dans les paquebots à fort tirant d’eau.
5 Il est indigné que l’aéroport de Grand Case n’ait pas été maintenu sous la gestion de la Chambre de Commerce et d’Industrie compétente, au profit de la gestion par une Commune totalement inexpérimentée.